Plantation de tomates : comment venir à bout du mildiou ?

Cette année fera date auprès des jardiniers et maraîchers, la culture de plants de tomates en extérieur s’est avérée un très mauvais choix et même en serre/tunnel cela a été catastrophique pour plus d’un professionnel. Essayons de comprendre le fonctionnement et les besoins du Phytophthora infestans le nom latin de notre problème le mildiou.

Pour être plus précis, il s’agit d’un parasite semblable aux champignons dont il partage de nombreuses caractéristiques. Le mildiou de la tomate et de la pomme de terre prospère quand le taux d’humidité est élevé, comme cela a été le cas durant de nombreuses semaines durant cet été 2021. Mais l’humidité n’est pas suffisante à son développement, il lui faut également des températures agréables et celles-ci sont de 15 à 25°. En dessous de 15° ou au-dessus de 25°, il est à « l’arrêt ». Comme les champignons, il aime les milieux acides. Voici nos pistes pour une approche prophylactique.

 » Le mildiou aime les milieux acides. Influencer le ph de l’épiderme des plants de tomates est donc particulièrement intéressant. « 

Comment prévenir ? La température et l’humidité jouent en sa faveur il faut donc l’affaiblir avec les moyens disponibles : la ventilation et le ph de la surface des plantes. Il va de soi qu’il est quasiment impossible de riposter avec des produits cuivrés en extérieur sans abîmer le sol . En serre/tunnel la ventilation, en créant un courant d’air, est une bonne pratique mais insuffisante sous un climat humide comme nous l’avons connu.

Par contre, influencer le ph de l’épiderme des plants de tomates est particulièrement intéressant. Nous travaillons avec le bicarbonate de soude de qualité alimentaire dilué à raison de 5 gr au litre d’eau et une cuillère à soupe d’huile alimentaire ou de savon noir. Cette solution est pulvérisée sur tout le plant de la tête au pied. En alternance nous poudrons du basalte sur le feuillage. Le basalte est une fine poudre de roche volcanique qui renforce les feuilles et rend leurs surfaces plus basiques (ph). Durant ces semaines à forte pression fongique, nous avons alterné les deux produits à raison d’un traitement hebdomadaire.

Il faut savoir que les spores des champignons sont omniprésents dans l’air, ils se déposent sur leurs futurs hôtes et dès que les conditions sont réunies ils se développent. Autant dire que la mise à feu de ces derniers, les danses au tambour ou tout autres artifices n’ont pas d’effets sur notre mildiou.
Vous avez noté que cette publication ne parle pas de “bouillie bordelaise” et autres produits douteux… c’est bien ainsi.
La seule piste sérieuse reste celle de plantes saines cultivées avec respect dans un sol vivant.

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Luc Koedinger, co-fondateur de « Canopée, coopérative en Agroforesterie »